Les développements de la psychiatrie moderne, à sans cesse reprendre les sentiers battus par la psychanalyse et la philosophie, nous ramènent aussi à des questions essentielles sur les structures psychiques qui autrement passeraient à l’oubli dans des combats inutiles aujourd’hui entre psychiatrie et psychanalyse, sciences et philosophie. Il reste que dans la pratique clinique qui prévaut de plus en plus, compte tenu de la domination provisoire de la psychiatrie biologique, la question de la perversion bien plus encore que celle de la psychose tend à disparaître dans sa réalité proprement mentale. L’accent mis sur le contrôle biopsychosocial de comportements qui vont du crime proprement dit à la déviance insupportable dans le lien social se traduit dans la clinique par un déni de toute position subjective. Aussi la singularité de la position subjective du pervers, et tout ce qu’une telle position comporte de différence avec celle d’un névrosé ou d’un psychotique, sont de plus en plus ignorés des cliniciens dont les pratiques sont définies et évaluées selon des guides de pratiques. Enfin, l’analyse de la dimension névrotique d’un tel contrôle des pratiques concernant la perversion renouvelle la question des rapports de notre société aux pratiques proprement psychopathes, dont l’identification apparaît de plus en plus questionnable.